Petite mais belle joueuse
Cela pourrait passer pour un coup de bluff ou un pari osé ; et pourtant, elle est bien là : une Kawasaki ZXR de... 400 cm3. Une cylindrée très peu en vogue chez nous. Alors pourquoi Kawa France a t'il décidé de l'importer dans l'hexagone ? Pour le plaisir du sport tout simplement.
Du fait d'un caractère trop creux et d'un cruel manque de watts, les 4 cylindres 400 n'ont jamais eu beaucoup de succès dans notre pays. A contrario, cette cylindrée est très appréciée au Japon. On y voit des sportives de renom avec un faible cubage qui ravissent les jeunes nippons : GSX-R 400, FZR 400... (NDLR : En regardant sur une période plus vaste, on trouve chez eux en 400 cm3 des modèles comme la Bandit, le CBR, la Monster, la VFR, la SVS...).
La ZXR a été pensé comme une machine passion, sans vraiment de notion de rentabilité et de gros succès commercial. D'ailleurs, à presque 5 briques, il y a de quoi réfléchir. C'est le prix d'une bonne 750, mais cette dernière ne vous apportera peut être pas autant de satisfaction ; ou plutôt pas de la même manière.
Le plaisir est tout d'abord visuel. La Kawa est un bel engin, très sport, s'identifiant tour à tour à la Stinger ou à la ZXR 7 d'endurance. Agressive, racée, de dimensions flatteuses, la moto se laisse aisément confondre avec un modèle de catégorie supérieure. Et comme jamais on ne retrouve une référence à la cylindrée (hormis sur la carte grise), il est quasi impossible de deviner qu'il s'agit d'une "petite" ZXR. Illusion parfaite au paddock. Ne croyez pas pour autant qu'il s'agisse d'une machine qui fasse l'habit mais pas le moine. Non, c'est une vraie sportive, qui peut en sécher plus d'un sur la piste. La partie-cycle est de belle conception, avec un cadre périmétrique en aluminium, une fourche inversée de 41 mm de diamètre, un bras oscillant en alu très semblable à celui de la Stinger, des disques de frein de 300 mm et des jantes larges chaussés de pneus radiaux - 120/17 à l'avant et 160/17 à l'arrière.
Le bloc moteur n'est pas non plus un jouet en plastique. C'est une belle et compacte mécanique, dotée de 4 soupapes par cylindre et de cotes internes hyper carrées. Gavé par des carbus de 32 mm, il est annoncé pour 75 ch et peut prendre 14 500 trs. Question rendement, on est largement au dessus des 180 ch/L. Ca y est, vous commencez à voir où elle veut en venir.
Face à cette Replica, on jurerait qu'on va être cassé en 2 une fois installé. Et bien, pas du tout. La position de conduite est naturelle, basculée sur l'avant mais sans l'extrême que l'on peut trouver sur une Suzuki 250 RGV, par exemple. Sport, pas radical. Il y a même de la place à bord et les grands gabarits peuvent s'y installer a priori sans problèmes. Quelques tours et l'évidence saute aux yeux. La ZXR 400 fait la part belle aux sensations de pilotage. Facile, voici la première impression. Aucun piège, aucune angoisse, pas de mode d'emploi particulier, la machine met vite le pilote en confiance. Du coup, le rythme ne demande qu'à s'accélérer. Le petit bouilleur entre alors en action.
Civilisé comme un bon 4 pattes, il est souple et ne vibre pas. La bonne surprise vient de son coffre sensible vers 4 000 tr/mn. Ce n'est toutefois qu'une fois dépassé les 8 000 trs que l'on peut réellement l'exploiter. On se doutait que la puissance ne serait pas époustouflante mais ce moulin n'a rien d'un os, bien au contraire. Les watts fournis sont mêmes très vivifiants tout en étant très progressifs pour un bloc de cette cylindrée. Ca pousse avec régularité jusqu'à flirter voir un peu plus avec la zone rouge. Ce 400 aime les tours et la joie de vivre. S'il ne vous colle pas les yeux au fond du crâne, ses prestations vous permettent d'accrocher près de 210 km/h compteur. Ce serait même mieux s'il la transmission finale tirait moins long.
Pour exploiter le troupeau de watts, le châssis est parfaitement dans le coup. Il accepterait sans problème plus de patate. Du coup, avec un gros potentiel, impossible de prendre en défaut la machine. La ZXR est un outil que l'on manie avec un réel plaisir. Agile et neutre, la Kawa est aussi précise et rigide quand il s'agit de négocier des courbes serrées, des chicanes ou des changements d'angle. Cependant, un peu plus de vivacité aurait été la bienvenue dans les enchaînements rapides. Le freinage confié à de grands disques est superbe. Puissance, endurance, feeling, rien à reprocher. Soyez quand même prévoyant dans vos freinages, car la direction est sujette à un léger verrouillage lors des freinages sur l'angle.
Contrairement aux grosses cylindrées qui imposent une conduite musclée du fait de la grosse puissance, la 400 permet un pilotage plus propre, à la recherche de belles trajectoires pour profiter à fond de la vitesse de passage en courbe. Le plaisir de dessiner une belle courbe puis de d'accélérer très tôt dans le virage pour sortir vite et bien.
Une petite bombe grisante à piloter, c'est sympa et courageux à Kawasaki de nous proposer cette ZXR 400. Belle, sportive, généreuse en sensations de pilotage, la petite sportive verte est faite pour les amoureux de trajectoires. Oui, bon, OK, elle n’est pas donnée, mais ce genre de motos ne se considère pas par son prix mais par ses qualités avant tout.